L’Essentiel du Rachis – Travail Manuel et Lombalgie

Depuis 2023, Corset Daum rassemble chaque mois les études scientifiques les plus intéressantes concernant le rachis et le traitement des pathologies qui l’affectent.

Ce mois-ci, nous mettons en lumière un problème bien connu mais encore difficile à prévenir efficacement dans les métiers physiques : les douleurs lombaires liées au travail manuel.

Soulever, porter, se pencher, vibrer, répéter… Ces gestes du quotidien, inhérents à de nombreuses professions, exposent durablement le rachis à des contraintes importantes. Résultat : la lombalgie reste l’un des premiers motifs de troubles musculosquelettiques et d’incapacité professionnelle en Europe.

À travers 4 études récentes, découvrons les expositions les plus à risque, les profils les plus touchés, et les pistes d’action pour mieux évaluer et prévenir ces douleurs.

Impact de l’atrophie musculaire paravertébrale dans les lombalgies aiguës liées au travail : une étude de cohorte rétrospective

Rita Portela Resende, Inês Martinho, Alberto Vieira, Catarina Vieira, Nuno Neves, Manuel Ribeiro da Silva, Daniela Linhares

Cette étude visait à comprendre si l’atrophie musculaire paravertébrale pouvait influencer la récupération après un épisode de lombalgie aiguë liée au travail.

En analysant les données de 87 patients ayant passé une IRM dans les 4 semaines suivant leur accident de travail, les auteurs ont mesuré l’infiltration graisseuse des muscles du dos (multifidus, érecteurs du rachis) et l’ont comparée à la durée d’arrêt de travail et au nombre de consultations.

Les résultats ne montrent pas de lien clair entre l’atrophie musculaire globale et la durée de récupération. Toutefois, une infiltration graisseuse sévère du multifidus est associée à un suivi médical prolongé.

Cette étude rappelle que, dans le cadre d’une lombalgie aiguë professionnelle, l’imagerie seule ne suffit pas à anticiper le temps de rétablissement — et souligne l’importance de prendre en compte d’autres facteurs dans la prise en charge.

La lombalgie neuropathique a-t-elle un impact négatif sur la capacité de travail ? Une étude transversale auprès de travailleurs hongrois

Imre Varadi, Tibor Toth, Eva Fejes, Zsolt Nemeskeri, Miklos Kovacs, Antal Tibold, Rita Nyulas, Gergely Feher

Cette étude transversale menée en Hongrie explore l’impact potentiel de la lombalgie neuropathique sur la capacité de travail, un aspect encore peu documenté.

Parmi 664 travailleurs inclus dans l’étude, les chercheurs ont identifié les cas de lombalgie et évalué la composante neuropathique à l’aide du questionnaire DN4. La capacité de travail a été mesurée à l’aide de l’indice de capacité de travail (WAI).

Les résultats révèlent que les patients souffrant de lombalgie avec une composante neuropathique présentent une capacité de travail significativement réduite par rapport à ceux atteints de lombalgie non neuropathique. Ce groupe rapporte également plus de douleurs, plus de jours d’arrêt et un recours plus fréquent aux soins.

Ces données renforcent l’importance de dépister la composante neuropathique de la douleur lombaire, car elle pourrait nécessiter une prise en charge spécifique pour limiter son impact professionnel.

Évaluer le contrôle moteur et la qualité du mouvement chez les patients souffrant de lombalgie non spécifique : une revue exploratoire et l’élaboration d’un cadre conceptuel basé sur la CIF

Georg Pfluegler, Meike Klinger, Clemens Ley, Kerstin Luedtke, Beate Schüßler, Agnes Sturma


Cette revue de portée visait à mieux comprendre comment évaluer le contrôle moteur et la qualité du mouvement chez les patients souffrant de lombalgie non spécifique.

Les auteurs ont analysé 85 publications portant sur les méthodes d’évaluation existantes, en les confrontant aux dimensions de la Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF/ICF).

L’étude identifie un manque de consensus sur la définition même de la qualité du mouvement, ainsi qu’une grande variabilité des outils et critères utilisés (précision, coordination, adaptabilité, efficacité, etc.).

Les auteurs proposent un cadre structuré en 10 dimensions, permettant une évaluation plus complète et personnalisée du mouvement, avec pour objectif d’orienter la rééducation de manière plus fonctionnelle.

Ce travail souligne l’intérêt d’intégrer l’analyse du mouvement réel dans la prise en charge des lombalgies persistantes, au-delà des seules données d’imagerie.

Lien entre les troubles musculosquelettiques et les contraintes ergonomiques du travail chez les soudeurs et les électriciens : une étude de cohorte prospective canadienne

Nicola Cherry, Jeremy Beach, Jean-Michel Galarneau

Cette étude de cohorte prospective menée au Canada s’intéresse au lien entre les troubles musculosquelettiques (TMS) et les contraintes ergonomiques chez les soudeurs et électriciens du bâtiment.

Sur une période de suivi de 12 mois, 631 apprentis ont été interrogés sur leurs conditions de travail et la survenue de douleurs, notamment lombaires.

Les résultats montrent que 38 % des participants ont développé une lombalgie liée au travail, souvent associée à des postures contraignantes, au port de charges et à l’exposition aux vibrations.

L’étude confirme l’impact des contraintes physiques professionnelles sur l’apparition de TMS précoces, et souligne la nécessité d’agir dès la formation pour prévenir les douleurs chroniques liées au travail manuel.

Nous nous retrouvons le mois prochain pour de nouvelles avancées sur le rachis !

fr_FRFrench