L’Essentiel du Rachis – La kinésiophobie – Juillet 2025

Depuis 2023, Corset Daum rassemble chaque mois les études scientifiques les plus intéressantes concernant le rachis et le traitement des pathologies qui l’affectent.

Pour entamer cette troisième année, l’Essentiel du Rachis se concentre sur un sujet spécifique chaque mois et prend également une dimension visuelle.

Ce mois-ci, nous mettons en lumière un obstacle souvent sous-estimé à la rééducation : la kinésiophobie.

Cette peur excessive du mouvement, alimentée par la crainte de la douleur ou d’une rechute, touche plus d’un patient sur deux souffrant de lombalgie chronique non spécifique.

Pourtant, son impact sur le pronostic est majeur : elle aggrave l’incapacité fonctionnelle, favorise l’évitement des mouvements et entretient la chronicisation de la douleur.

Au travers de 4 études récentes, découvrons et comprenons son rôle, sa pertinence clinique ainsi que ses implications en termes de prise en charge.

Lien entre la catastrophisation de la douleur et la performance cognitive chez les patients souffrant de lombalgie chronique.

Jian Li, Yi Cui, Qiong Jia, Anping Ouyang, Yan Hua

Cette étude vise à explorer les liens entre catastrophisation de la douleur (PCS), kinésiophobie (TSK), sensibilisation centrale (CSI) et performance cognitive chez 60 adultes souffrant de lombalgie chronique.

Les résultats montrent que des niveaux élevés de catastrophisation et de kinésiophobie sont associés à une moindre performance cognitive : interférence attentionnelle accrue (SCWT), contrôle inhibiteur et flexibilité cognitive altérés (CTMT2), et mémoire de travail diminuée (Coding test).

Ces déficits cognitifs pourraient influencer l’efficacité des approches thérapeutiques cognitives comme l’éducation à la douleur ou la TCC.

Niveau de douleur et kinésiophobie chez des patients atteints de lombalgie non spécifique fréquentant un centre de kinésithérapie à Lince

María Cabrera-Perona, Antonio Martínez, Carmen Rodríguez-Blázquez, Álvaro Tamayo-Fonseca, Estrella Durá-Ferrandis, Teresa Sanz-Barbero

Cette étude visait à explorer la manière dont la lombalgie affecte la régulation émotionnelle chez les personnes âgées de 65 à 84 ans.

À partir de données de 406 participants issus d’une cohorte nationale espagnole, les chercheurs ont comparé trois groupes : sans douleur, avec lombalgie aiguë ou subaiguë, et avec lombalgie chronique. 

Les résultats montrent que les personnes souffrant de lombalgie chronique présentent davantage de stratégies de régulation émotionnelle non adaptatives, notamment une plus grande rumination, une dramatisation accrue et un sentiment de blâme (dirigé vers soi ou autrui). 

Ces profils émotionnels suggèrent que la douleur chronique lombaire chez les personnes âgées est associée à une altération de la régulation émotionnelle, ce qui pourrait influencer négativement leur qualité de vie et leur prise en charge.

Effets des exercices en chaîne cinétique fermée et ouverte en hydrothérapie sur la douleur, la pression plantaire, le handicap et la kinésiophobie chez des hommes atteints de lombalgie chronique non spécifique

Hossien Ashoury, Ali Yalfani, Mahdi Arjipour

Cet essai clinique randomisé a étudié 60 hommes âgés de 40 à 60 ans souffrant de lombalgie chronique non spécifique, répartis en trois groupes : contrôle, exercices en chaîne cinétique ouverte en eau, et exercices en chaîne fermée.

Pendant 8 semaines, les groupes expérimentaux ont suivi un programme d’hydrothérapie structuré.

Les résultats montrent une amélioration significative de la douleur (VAS), du handicap fonctionnel (Oswestry Disability Index), de la kinésiophobie (Tampa Scale for Kinesiophobia), ainsi que des paramètres de stabilité posturale et de pression plantaire (mesurés par plateforme de pression).

Des gains notables ont été observés sur la surface et la vitesse du sway, les axes de déplacement, ainsi que la variabilité posturale.

L’intervention en milieu aquatique semble donc particulièrement efficace pour moduler à la fois les aspects biomécaniques et psychologiques de la lombalgie persistante.

Efficacité comparative des interventions non médicamenteuses sur la kinésiophobie chez les patients atteints de lombalgie chronique non spécifique (LCNS) : protocole de revue systématique et méta-analyse en réseau.

Hossien Ashoury, Ali Yalfani, Mahdi Arjipour

La kinésiophobie, fréquente chez les patients souffrant de LCNS, freine la rééducation en favorisant l’évitement des mouvements, l’aggravation de la douleur, l’anxiété, les troubles du sommeil et le handicap fonctionnel.

Ce protocole vise à comparer, via une méta-analyse en réseau, l’efficacité relative de différentes approches non pharmacologiques pour réduire la kinésiophobie et améliorer les symptômes associés.

Seront inclus uniquement des essais cliniques randomisés publiés en anglais ou en chinois, avec des critères d’évaluation centrés sur la peur du mouvement (TSK), la douleur (VAS, NRS), la fonction (ODI, RDQ) et l’activité musculaire lombaire (EMG de surface).

Les interventions analysées incluent la TCC, les exercices physiques (yoga, Tai Chi, etc.), la réalité virtuelle, les approches corps-esprit, l’acupuncture, et d’autres thérapies physiques ou manuelles.

L’étude appliquera les recommandations PRISMA-P, les outils Cochrane et GRADE, et combinera analyses classiques et en réseau.

Les résultats visent à orienter les pratiques cliniques vers les interventions les plus efficaces et adaptées pour traiter la kinésiophobie dans un contexte de lombalgie chronique.

Nous nous retrouvons le mois prochain pour de nouvelles avancées sur le rachis !

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